dimanche 25 novembre 2007

Se résoudre aux adieux

Je l'avoue d'emblée, j'aime beaucoup les romans épistolaires. Je sais, c'est à contre-courant de la réalité SMS, du tchat et des expressions calquées de l'anglais. J'aime le côté rétro de la lettre (fut-elle courrier électronique songé, sur lequel on s'est penché pendant de longues minutes), j'aime la façon dont on y réfléchit tout haut, tout en ouvrant la porte, de temps en temps, à une possible intervention de l'ami, du lecteur... Enfant, j'entretenais déjà des relations épistolaires et le facteur était mon héros, celui que je vénérais. (J'ai sérieusement songé devenir factrice mais, éventuellement, je me suis bien rendue compte que, malheureusement, le facteur apportait plus souvent des factures que des lettres d'amour.)
Bien sûr, ici, nous n'avons qu'un seul côté de l'histoire, celui de Louise, qui essaie de panser sa peine d'amour et qui cherche à se perdre, dans l'espoir de se retrouver, à La Havane, Venise, dans l'Orient-Express... Elle envoie des bouteilles à la mer, avec l'espoir futile qu'il les lira. On On n’écrit jamais pour les autres, jamais. On n’écrit que pour soi. On prétend dialoguer mais tout n’est que soliloque. Elle finira par se concentrer sur le geste, sur le discours, sur elle-même, dessinant peu à peu l'histoire d'un amour condamné dès le départ, à petites touches, le plus souvent tendres mais quelquefois mordantes. L'écriture de Philippe Besson (auteur que je lisais ici pour la première fois) est fluide, lyrique, terriblement féminine même. On entre entièrement dans l'univers de Louise, on se fond en elle, on vit à travers elle et son périple intérieur, de sa lente guérison, le temps de quelques heures suspendues. Il ne mesure pas exactement l'ampleur des dégâts que tu as causés mais il la devine assurément lorsque, posant ses doigts sur ma peau, il épouse le creux de mes plaies. Ses caresses m'aident à les soigner, ces plaies, enfin.
En remettant le livre à la bibliothèque aujourd'hui, je n'ai pas pu résister: j'ai emprunté un livre de lettres d'amour d'écrivains, histoire de prolonger l'incursion dans cet univers légèrement suranné.

On peut lire ici un extrait du livre.
Les avis du journal Marianne et d'In cold blog

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Malgré qu'il écrive bien, je n'ai pas cru à la douleur de cette femme en exil. Il lui manquait une vérité des sentiments. Puisque tu aimes les romans épistolaires, à moins que ce ne soit déjà fait, je te conseille de lire "Cher Émile" ;-)

Lucie a dit…

Je l'ai cherché chez mon libraire mais il n'y était pas! :-( Je finirai bien par le trouver et le lire! ;-)

Anonyme a dit…

Il faudra leur demander de le commander. Dans moins d'une quinzaine de jours, tu l'auras! Sinon, passe faire ton tour à la librairie Pantoute à Québec. Nous en avons en stock :-)

Lucie a dit…

C'est un peu loin de Montréal mais, si je passe à Québec, c'est clair que je m'y arrête. Tu as raison, j'ai passé des commandes avant et j'ai reçu un service exemplaire de mon libraire indépendant. :-)

Anonyme a dit…

Oh là, pas nécessaire d'attendre une excursion à Québec, je ai acheté mon exemplaire de "Cher Émile" Chez Raffin à Montréal. C'est de l'épistolaire moderne et de là, très crédible. Je suis loin de m'être ennuyée à cette lecture et comme c'est très centré sur les relations amoureuses, c'est presque pas possible que ne s'enclenche une réflexion personnelle.

Jules a dit…

Je suis d'accord avec Venise, ce livre déclenche une grande réflexion personnelle...