jeudi 12 mars 2009

Le charme de la mélodie


Hier soir, Théâtre Maisonneuve, devant une salle malheureusement à demi-pleine, moment de partage et de pur bonheur musical. Lors du deuxième de quatre concerts présentés en une semaine par la Société Pro Musica, Marc-André Hamelin se faisait plaisir et avait invité Karina Gauvin. Pour moi, ce rendez-vous était presque incontournable car je suis liée d'une certaine façon à ce duo qui se rencontre trop rarement, agendas chargés obligent. En effet, il y a presque dix ans (comme le temps file!), je les rencontrais pour un premier article qui se retrouverait en couverture de La Scena Musicale. On dit toujours qu'on n'oublie pas sa première fois... Je me souviens aussi d'avoir écouté l'enregistrement Fête Galante en boucle pendant un certain nombre de semaines. Si j'avais été renversée par le timbre extraordinaire de la soprano et la finesse du traitement pianistique, j'avais surtout été séduite par la complicité musicale évidente entre les deux interprètes, l'un et l'autre se coulant dans les pas de l'autre, toujours parfaitement à l'écoute des échanges musicaux.

Hier soir, donc, ils proposaient un programme fort habilement monté de mélodies, qui s'est ouvert par trois canzonettas de Haydn, dont une version particulièrement envoûtante de « Hark! Hark! What I Tell to Thee » (The Spirit's Song) dont chaque chromatisme semblait magnifié et une interprétation de Dans un bois solitaire de Mozart toute en tendresse et en luminosité. Le programme basculait ensuite vers la mélodie française du tournant du XXe siècle, avec des pages aimées de Reynaldo Hahn (dont le sublime « Si mes vers avaient des ailes », magnifiquement rendu) et d'Henri Duparc.

Après l'entracte, on a pu apprécier la palette sonore exceptionnelle de pianiste de Marc-André Hamelin dans les Ariettes oubliées de Debussy mais surtout la profonde communion entre les deux artistes. La voix et le piano semblaient tissés d'une même soierie précieuse, de laquelle il semblait presque impossible de discerner l'une ou l'autre contribution des complices. Dans les six mélodies de Poulenc et les extraits des Chants populaires de Vuillermoz, Karina Gauvin a pu démontrer ses dons consommés d'actrice, ce qui a permis aux auditeurs d'apprécier les subtilités tant du texte que du traitement musical. Une Coccinelle de Bizet, toute en légèreté et en finesse, certainement non dépourvue d'humour, concluait le programme.

Généreuse, la soprano a tenu à remercier publiquement son pianiste, visiblement touché par l'intention. Les deux artistes ont ensuite offert en rappel (le pianiste ayant alors délaissé ses partitions), deux mélodies supplémentaires de Poulenc, les éternels Chemins de l'amour et le magnifique C.

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