jeudi 6 août 2009

Le camée et le bustier


« Qui trop embrasse mal étreint. » Voilà comment je pourrais résumer ce premier roman de Jean Renaud. Le sujet était foisonnant, l'idée de le traiter autrement tentante, il faut bien l'admettre. Pourquoi ne pas lier en un même texte roman historique, bleuette Harlequin et, histoire de corser le tout, propos érotiques? C'est le pari que s'est proposé Jean Renaud avec Le camée et le bustier, un roman qui met en scène la superbe comtesse Isabelle de Vendée et le séduisant Thierry, un des employés du domaine, sourd et muet mais néanmoins prêt à tout pour défendre sa belle. L'auteur nous fait donc tour à tour voyager au château de Chenouceaux, au domaine d'Isabelle, dans le boudoir de Mme de Bohier (dessinatrice de vêtements afriolants), dans une maison close, à la cour du Roi, sur un bateau qui traverse vers l'Amérique et au Québec, avec une plume assez habile. Celle-ci manque toutefois à l'occasion de finesse et reprend un tic d'écriture de Pierre Monette, soit l'usage abusif des points de suspension, le membre de phrase suivant les dits points de suspension ne causant aucune surprise.

En voulant couvrir trop large, l'auteur nous frustre. Les amateurs de roman historique seront embarassés par le manque de détails pertinents - certaines généralisations demeurant bien inutiles. Les fanas de romans Harlequin retrouveront peut-être avec plaisir la cellule jeune femme en détresse mais volontaire, épaulée par le merveilleux amant romantique, fort, sensuel et, comble de bonheur ici, discret (puisqu'il est muet) mais le rêve n'est jamais assez touffu pour qu'on s'y perde. Ceux qui croiraient que Le camée et le bustier est un livre que l'on lit d'une main, trop occupé à reproduire les gestes évoqués de l'autre, auront une amère désillusion. On parle ici de porn vraiment très très soft, dans laquelle l'exploit le plus remarquable reste le nombre de synonymes que l'auteur peut apposer au membre masculin. On aurait de loin préféré qu'il fasse un choix de genres et l'assume. Néanmoins, on peut considérer ce premier essai comme une lecture estivale légère, d'évasion, aussitôt consommée, aussitôt oubliée.

Jean-Luc Doumont de Made in Québec a, quant à lui, beaucoup mieux aimé. Lire son commentaire ici...

4 commentaires:

Karine :) a dit…

Moi qui pensait avoir affaire un Harlequin-bien-écrit-et-historique!! Bon... peut-être pas, en fait!! Mais je ne dis pas complèeetement non vu que je suis quand même assez fan des bluettes!

Lucie a dit…

Il y a des moments fort agréables, par contre mais, pour moi, ça allait un peu trop dans tous les sens et multipliait les invraisemblances.

Claudio a dit…

Superbe compte-rendu. Dans la critique d'un roman légèrement "porn", Charles Primeaux n'aurait sûrement pas fait mieux. :)

Lucie a dit…

;-)