jeudi 29 septembre 2011

Petite armoire à coutellerie

Roman, récit, autofiction, recueil de poèmes en prose, florilège de pensées éparses? Impossible de saisir les contours de cet objet littéraire et pourtant, on le fait nôtre en quelques courtes pages à peine. Dans ce texte d'une densité remarquable, Sabica Senez traduit la peine d'amour, la transcende pour en extraire l'essentiel, polit chaque instant de douleur, le contemple, réussit à sublimer ces instants qu'il lui a dérobés en la quittant (pour une autre, un ailleurs, l'au-delà, on ne le saura jamais entièrement).
« Notre histoire est un chapelet que je récite en avalant une à une les perles de verre. Un Mon amour qui s’égrène dans ma gorge jusqu’à m’asphyxier. »
Elle écrit, elle crie, le déni, l'amour qui l'a fuie, la chute, les rechutes, et cette incompréhension dont on l'entoure.
« Personne n’a compris. Ou pire, n’a voulu comprendre : j’ai dû me séparer de nos gestes et de nos mots, mon amour, comme on laisserait sa peau et ses os au vestiaire, contraint par un doorman de 6 pi 4 po, 325 lb, et une pétasse grimée de dix-neuf ans derrière son comptoir.
Pour assister à la suite du spectacle de ma propre vie, on m’obligeait à t’abandonner dans cette sinistre et sombre pièce. »
On sort soufflé de cette lecture, balayé par la vague, conscient que cette histoire nous bouscule parce qu'elle est universelle, avec une envie de se réapproprier sur le champ quelques phrases, quelques pages.

« Un jour, je classerai par ordre de grandeur
Un jour, je classerai par ordre
de candeur
Un jour, je classerai par ordre de douleur tous les mots prononcés depuis ma naissance. »

1 commentaire:

Claudio a dit…

J'ai emprunté ce petit livre à la bibliothèque aujourd'hui, ignorant que tu l'avais lu et commenté!

Vive les connexions célestes! :)

Je t'en reparlerai!