samedi 15 juin 2013

Joanna Gruda notre recrue


Peut-on encore trouver un angle différent pour traiter l’Holocauste de façon romanesque? Tant de géants s’y sont frottés – on peut penser ici au pape de l’autofiction Serge Doubrovsky, à Jorge Semprun ou à Georges Perec –; est-ce bien raisonnable en 2013 de tenter la chose? En inversant d’une certaine façon la donne, Joanna Gruda permet au lecteur de plonger de l’autre côté de l’horreur. Et si, plutôt que de décrire les charniers, on s’attardait à croquer le destin d’un gamin ayant survécu à la Deuxième Guerre mondiale, qui a regardé la mort dans les yeux, sans cligner, « parce qu’on a bien vu, avec le temps, que les bombardements, ça ne tuait que les autres »… Nos quatre collaboratrices ont cédé sans réserve au charme de cet enfant, père de la narratrice, qui signe ici un vibrant hommage. On ferme le livre, sourire aux lèvres, impatient de savoir quel genre d’adulte Julian deviendra. L’auteure proposera-t-elle éventuellement une suite? Pas à en croire cette réponse à l’une des interrogations de notre questionnaire. « Les nouvelles que j’ai écrites étaient toutes inventées, bien sûr, mais avec mes nouveaux romans, c’est la première fois que je dois inventer de toutes pièces quelque chose de plus long qu’un court récit de quelques pages. C’est enivrant. Et épeurant. »

Deni Y. Béchard, dont Vandal love avait connu une belle reconnaissance, s’inspire lui aussi de son père, ex-voleur de banque et hors-la-loi, dans son très dense deuxième roman, Remèdes pour la faim. En prolongement,  vous pourrez traverser un autre mur, celui de l’univers carcéral. Pierre Ouellet vit derrière les barreaux depuis 1972, pour vols à main armée et tentative de meurtre. Il propose avec Barbelés un récit autobiographique dans lequel la littérature joue un rôle important.

Lauréate de plusieurs prix pour ses traductions (avec son complice Paul Gagné), Lori Saint-Martin aborde dans son premier roman, Les portes closes, le monde de la peinture et dissèque avec une rare dextérité l’usure du couple. Notre nouvelle collaboratrice Marie-Jeanne Leduc, à qui je souhaite la plus chaleureuse bienvenue, a beaucoup apprécié cette fugue à deux voix. Ceux qui aiment noter dans leur carnet des phrases ciselées voudront s’approprier sans tarder le très beau recueil de poésie Fondations d’Olyvier Leroux-Picard (magnifique objet de surcroit). La fin des classes est presque là. Si vous pensez offrir un cadeau à un(e) adolescent(e) de votre entourage, n’hésitez pas à lui glisser en douce La pomme de Justine de Valérie Harvey, une histoire d’amour pas tout à fait comme les autres. Bonne lecture!

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