samedi 6 juillet 2013

Bain au festival

Après m'être à peine trempée l'orteil dans le Festival de jazz de Montréal avec le spectacle de Woodkid (qui, du jazz n'est point), j'ai eu envie de retrouver l'essence même du genre, deux soirs de suite, en salle, en extérieur, histoire de vraiment prendre le pouls de cette édition.

Jeudi soir, malgré un centre-ville en demi-blackout (qui a mis le propriétaire du Upstairs sur les dents un certain temps), j'ai réussi à me glisser en fond de salle (puis en terrasse) pour entendre la mythique Helen Merrill. Une voix somptueuse sur disque, une feuille de route fracassante, une palette expressive que plusieurs pourraient lui envier et encore impériale dans les « coulisses » (en haut de l'escalier du Upstairs) à presque 83 ans, alors que l'excellent trio de Ted Rosenthal préparait la salle... Malheureusement, là devra s'arrêter ma liste de superlatifs, car la dame, si elle possède encore des graves troublants, n'est plus que l'ombre de la légende qu'elle a déjà été. Voyons ce tour de chant comme un écho de sa divine présence et retrouvons-la plutôt sur disque.

Direction Théâtre Jean-Duceppe ensuite pour le 10e anniversaire du film Les Triplettes de Bellevile, présenté avec musique en direct par Benoît Charest et le Terrible Orchestre de Bellevile. J'ai découvert avec grand plaisir ce film dont je n'avais vu que des extraits ici et là, mais ai surtout été soufflée par la densité de la partition de Charest, magnifiquement livrée par la bande des compères qui y sont même allés à l'occasion de quelques « steppettes » (un segment de podorythmie absolument délicieux). Chapeau!

Hier soir, registre complètement autre, alors que deux pianistes plutôt iconoclastes, Vijay Iyer (que j'aime beaucoup) et Craig Taborn (que je découvrais), nous offraient un programme de deux pianos. On était ici beaucoup plus proche du récital de musique contemporaine que du jazz « qui swing », ce qui se relevait beaucoup plus exigeant pour l'auditeur, mais que de beaux moments! On avait l'impression d'avoir affaire à une hydre à deux têtes pensantes, aux jeux et atouts complémentaires. Un réel travail sur les textures a été réalisé par Iyer (qui nous a proposé plusieurs cellules atmosphériques brillantes) et Taborn (belle utilisation de l'intérieur du piano et des basses pulsantes notamment). J'ai cru entendre tour à tour Debussy, Ravel (le début de La Valse, avec cette impression de son qui émerge du magma), Schoenberg, des relents de boogie-woogie et de walking bass, mais le tout filtré par deux grands alchimistes.




Soirée découverte ensuite, au hasard des propositions sur les scènes extérieures. Je me suis baladée entre les sonorités « smooth jazz » de Laïka, tout en retenue, le feu brûlant de la chanteuse Christine Salem, originaire de la Réunion, admirablement soutenue par deux percussionnistes à l'énergie apparemment sans limite (j'explorerai assurément son album), le blues traditionnel de The Harpooniste & The Axe Murderer (non, mais quel nom improbable de duo!) et le funk explosif de The Dynamites et Charles Walker dont j'ai avalé le set complet avec un plaisir presque goulu. (J'ai fortement considéré de rester pour entendre le deuxième set à 23 h, c'est dire.) Chaud devant!

 

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