samedi 31 janvier 2015

Challenge A à Z

A touch of blue... Marine (quel joli nom), dont je découvre le blogue à l'instant par ricochet, nous propose le challenge A à Z en 2015. Un auteur pour chaque lettre de l'alphabet, concept facile à saisir s'il en est. Pourquoi ne pas m'y frotter... Déjà, avec les lectures de janvier, je peux remplir quelques cases. Et vous? Envie d'y participer?

A = Paul Auster et Sam Messer, L'histoire de ma machine à écrire
B = Jean-Philippe Blondel, 06h41 
C = 
D = Hélène Dorion, L'étreinte des vents
E = 
F =  
G = 
H =  
I = 
J = 
K = 
L =  Marie Lefebvre, Flou
M = 
N = Hazel Newlevant, If this be Sin
O =  Yoko Ogawa, Les tendres plaintes
P = J.-B. Pontalis, Marée basse, marée haute
Q = 
R =  Yvon Rivard, Aimer, enseigner
S =  
T = 
U = 
V = 
W = 
X = 
Y = 
Z =

vendredi 30 janvier 2015

Images de Sappho

Chaque saison, « ECM+ présente » invite de jeunes solistes et ensembles de musique de chambre et cette année, vitrine exceptionnelle pour la relève certes, mais surtout occasion unique pour le public de faire des découvertes. Images de Sappho, programme double de haut niveau faisant la part belle à la voix, se veut une rencontre avec les jeunes artistes de Ballet-Opéra-Pantomime (BOP). Celle-ci a indéniablement eu lieu, autant avec les interprètes qu'avec deux œuvres fortes du répertoire contemporain: Five Images After Sappho d'Esa-Pekka Salonen (nouvellement nommé compositeur en résidence du New York Philharmonic pour les trois prochaines saisons) et Orpheus on Sappho's Shore de Luna Pearl Woolf.

Photo: Jonathan Goulet
Également chef d'orchestre, Esa-Pekka Salonen offre avec son cycle pour soprano et orchestre de chambre une page luxuriante, à la palette d'une grande richesse, chaque instrument de l'ensemble se voyant le plus souvent confier des passages idiomatiques, l'architecture des cinq chants se révélant particulièrement cohérente. Même en première écoute, la pièce se révèle d'une intelligibilité totale, chaque phrase, chaque couleur, chaque geste œuvrant à la transmission des textes.

La voix n'est pas tant traitée comme soliste (sauf dans quelques endroits ciblés) que comme collaboratrice, complice plutôt de la texture instrumentale. Si parfois on a de la difficulté à comprendre le texte (peut-être est-ce dû au positionnement de la chanteuse, car dans la deuxième partie, la question ne se pose jamais), on est immédiatement séduit par la voix chaleureuse de Jana Miller, à aucun moment forcée, sa présence scénique indéniable et le raffinement avec lequel elle interprète la partition. On reste aussi soufflé par l'aisance avec laquelle les musiciens de BOP s'approprient le tout, aucun ne pouvant se dissimuler dans la masse sonore d'un groupe, chaque ligne restant parfaitement articulée, chaque respiration musicale concertée. Il faut saluer ici la direction jamais floue d'Hubert Tanguay-Labrosse, qui en a visiblement décortiqué les strates avec minutie.

Photo: Jonathan Goulet
Photo: Jonathan Goulet
La deuxième partie proposait une mise en scène d'Orpheus on Sappho's Shore, opératorio pour soprano, ténor et neuf musiciens de Luna Pearl Woolf, récipiendaire de l'Opera America's 2014 Discovery Grant (qui lui a permis de travailler sur son dernier opéra, The Pillar), oeuvre créée et enregistrée par Véronique Lacroix et l'ECM il y a une dizaine d'années. Là aussi, le rendu de la partition est d'un très haut niveau, musiciens comme chanteurs solistes. Le ténor Arthur Tanguay-Labrosse a accepté au pied levé d'endosser le rôle d'Orphée (il a reçu la partition quelques jours à peine avant la première) et, hormis le fait qu'il chante bien évidemment avec le texte, tire plus qu'adroitement son épingle du jeu. La folie du personnage est déjà bien incarnée et le timbre se révèle chaleureux, riche, complément parfait à la voix de Jana Miller, qui a eu le temps de parfaitement intérioriser le personnage et démontre ses dons d'actrice.

Si le concept même d'un opératorio évoque naturellement un traitement plus statique du propos, Emmanuelle Lussier-Martinez qui signe ici sa première mise en scène a choisi d'intégrer le mouvement en confiant le rôle des muses de la poétesse Sappho à cinq danseuses. Si parfois, la proposition convainc (par exemple dans cette très belle scène où Orphée se voit délesté de son long foulard), à d'autres, elle m'a paru plaquée, comme si on avait hésité entre pantomime et danse (l'apex tumultueux recyclé en faux Sacre du printemps m'a ainsi paru caricatural). Peut-être a-t-elle souhaité trop en mettre, la partition de Woolf et le texte de Wilner se prêtant certes à de multiples interprétations.

Impossible ici de ne pas revenir sur la salle presque comble, particulièrement attentive, composée principalement de jeunes dans la vingtaine et la trentaine. Il aurait peut-être fallu transmettre une photo de groupe à tous ces empêcheurs de tourner en rond.

Il reste quelques places pour la représentation de ce soir, 19 h 30 Conservatoire de Montréal. N'hésitez pas!

jeudi 29 janvier 2015

Peep Show: détournement de regard

Photo: Justine Latour
Solo pour un personnage féminin, Peep Show renvoie rapidement le spectateur à sa nature profonde de voyeur, le plus souvent niée ou du moins camouflée. Il lui crache aussi au visage ses incohérences, perverties presque dès le départ par la scénographie qui suggère une séparation entre la danseuse et lui, l’installant dans un faux sentiment de sécurité.

Pour lire ma critique, passez chez Jeu...

mercredi 28 janvier 2015

Spécialités féminines

Quelle proposition intrigante que celle d'Omnibus présentée ces jours-ci à l'Espace libre! En neuf tableaux (trois solos, trois duos et trois trios, une belle symétrie dans tout cela), Spécialités féminines offre un regard tantôt tendre tantôt décapant sur l'univers féminin. 


Photo: Catherine Asselin-Boulanger
Le tout s'amorce sur un trio de femmes fortes de Jean Asselin qui n'aurait pas déparé les foires d'antan (ou celle, électro trad, de Barbus du Cirque Alfonse) commenté à l'emporte-pièce par une voix enregistrée. Cela peut sembler à première vue complaisant, mais c'est dans les interstices du texte que se joue réellement la chose, comme ce sera le cas dans plusieurs des vitrines proposées, par exemple celle de Réal Bossé dans laquelle la voix hors-champ (celle de Sylvie Legault, troisième complice à la mise en scène) évoque ses nouveaux achats de meuble, alors que Sylvie Chartrand nous raconte une toute autre histoire, particulièrement émouvante. 

On aurait pu se passer des poncifs débités dans « La femme-grenouille » (à prendre au deuxième degré cependant) qui s'étire un peu trop longuement, réduire de moitié les multiples arrêts sur images du tableau final, mais on savourera assurément cet étrange duel qui évoque la rivalité féminine (Laurence Castonguay Emery et Marie Lefebvre exceptionnelles ici), autant que le segment à la fois touchant et troublant dans lequel une mère (Laurence Castonguay Emery) s'adresse à sa fille (Sylvie Chartrand), qui nous rappelle que, malgré les avancées du féminisme, rien n'est encore entièrement gagné et ces « Trois grâces » envoûtantes, sur un lancinant solo de guitare électrique de Ludovic Bonnier, peut-être le moment le plus poétique de la soirée.

mardi 27 janvier 2015

Constellations: univers parallèles

Une vie se résume en une série de choix, certains pris sur un coup de tête, d’autres longuement mûris. Si, ce soir-là, vous aviez donné votre numéro de téléphone à ce garçon séduisant? Si, plutôt, vos routes n’avaient fait que se percuter? Votre trajectoire serait indéniablement modifiée, mais la fin serait-elle au fond différente?

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lundi 26 janvier 2015

Samson et Dalila: pour la prise de rôle de Marie-Nicole Lemieux

Photo: Yves Renaud
Les quatre représentations de Samson et Dalila de l'Opéra de Montréal affichent complet, sans aucun doute parce que Marie-Nicole Lemieux y fait ses débuts dans le rôle. Il faut souligner tout de suite qu'elle éblouit en Dalila, personnage qu'elle décline de multiples façons, démontrant sa polyvalence et la profondeur de sa palette expressive, nous offrant le portrait d'une femme fatale certes manipulatrice qui n'a de cesse que de faire tomber Samson grâce à ses charmes, mais qui peut se révéler tout simplement bouleversante quand elle lui déclare son « amour » dans le célèbre « Mon cœur s'ouvre à ta voix », à la fin du deuxième acte.

La soirée avait pourtant bien commencé, avec un Orchestre symphonique de Montréal en très grande forme dans la fosse, sous la direction de Jean-Marie Zeitouni. L'orchestre a beaucoup fréquenté Saint-Saëns cette saison (notamment dans le cadre d'un enregistrement de ses concertos pour violon, interprétés par le violon solo Andrew Wan) et cela s'entendait. Subtilité dans les articulations, chaleur jamais mièvre dans les timbres, précision constante dans l'énonciation: le compositeur français était admirablement servi. Le Chœur de l'Opéra de Montréal nous a aussi offert une soirée exceptionnelle: diction impeccable, belle projection des voix, uniformité de la masse. Cela ne réussirait malheureusement pas à sauver une soirée interminable et faire oublier la relecture plutôt insipide du deuxième opéra biblique de la saison (après Nabucco, qui faisait rire plutôt que frémir).

Pourtant, les éléments semblaient réunis pour transformer la production en événement: une vraie diva (Marie-Nicole Lemieux), les récents attentats à Charlie Hebdo qui nous rappelaient les dangers du fanatisme religieux en sous-texte, l'utilisation de projections (première participation de Circo de Baruka), un metteur en scène qui a déjà convaincu précédemment (Alain Gauthier). Les dites projections devaient s'avérer assez minimales (mais certes évocatrices dans la scène de l'orage intérieur, devenu réel), tout comme la scénographie (qui rappelaient tous les murs érigés inutilement au fil des ans) et la mise en scène, statique, qui nous a néanmoins donné quelques très jolies images, comme ces lignes de prêtres ou ces bouquets de jeunes femmes.

Côté vocal, Endrik Wottrich campe un Samson mièvre, aux aigus coincés et à la diction plus qu'imprécise. Philip Kalmanovitch, qui avait pourtant séduit dans The Consul semble avoir manqué d'encadrement scénique dans le rôle d'Abimélech. Heureusement, Gregory Dahl en grand-prêtre de Dagon réussit à tirer son épingle du jeu et à se hisser au niveau de Marie-Nicole Lemieux.

Une production qui souligne le 35e anniversaire de l'Opéra de Montréal, mais qui ne passera pas à l'histoire...


samedi 24 janvier 2015

Ballet BC: trois fois bravo

Ballet BC prouve hors de tout doute ces jours-ci au Théâtre Maisonneuve qu’il a atteint l’âge de la maturité, mais surtout de la diversité. Difficile de trouver plus opposées – mais en même temps complémentaires – que les trois chorégraphies proposées aux amateurs montréalais, toutes interprétées avec précision et finesse par les 18 membres de la troupe.

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vendredi 23 janvier 2015

Les laissés pour contes: sans peur ni reproche

Anne-Valérie Bouchard
Photo: Patrice Tremblay
« Peur du désir, du regret, du plaisir, de la foi… », de l’autre, de soi : impossible de la fuir entièrement, car elle se niche au cœur de chacun de nous. La troisième édition des Laissés Pour Contes nous le rappelle avec éloquence, au rythme de six textes aux esthétiques distinctes, entre lesquels on ne peut s’empêcher d’établir certains liens, certaines connivences.
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jeudi 22 janvier 2015

Auditions ou Me, Myself and I: magistral

Photo: Marc-André Goulet
Déjà, dans What Bloody Man is That, punk operetta autour de Macbeth présentée dans le cadre de l’OFFTA en 2013, Angela Konrad multipliait mises en abyme et manichéismes, voilait la limite entre arrière et avant-scène. Elle poursuit cette fois son travail de déconstruction autant que de réinterprétation ici en s’attaquant au monumental Richard III, dernier tome de la première tétralogie historique de Shakespeare, nous proposant ce faisant une réflexion sur le théâtre du pouvoir (et de la cruauté) et le pouvoir (ou la cruauté) du théâtre.

Dans la salle de répétition du Quat’Sous, Ricki, une metteure en scène plus grande que nature, fait passer des auditions pour sa relecture de Richard III. Même si elle n’a pas encore décidé de l’angle concret de sa démarche, elle manipule, humilie, susurre, hurle, cajole, pousse à l’effondrement les candidats. Elle sait déjà qu’elle « va garder les plus fragiles parce que leur inconscient est riche ». Nous rencontrerons ainsi Miki, « acteur de catégorie A » que l’on n’a pourtant pas vu depuis des lustres sur les planches, plus préoccupé par son portefeuille d’actions et sa libido que par le texte, Niki, jeune comédienne à la fragilité évidente qui peine à oublier sa vie personnelle, Vicki l’assistante ayant décortiqué les moindres rouages du texte et Kiki, mère de Ricki, actrice sur le retour qui connaît les tirades de tous les personnages féminins de la pièce par cœur (ou presque).  

Photo: Marc-André Goulet
Impossible de s’ennuyer une seule seconde pendant une heure et quarante-cinq, entre les extraits de Richard III (qui sera présenté dans son intégralité au TNM en mars), traités de façon plus ou moins décalée selon le moment, les dialogues vitrioliques, les multiples clins d’œil aux codes et dessous théâtraux (on reste toujours conscient d’être devant des comédiens jouant des acteurs) et surtout les interprétations remarquables de la distribution. Celle-ci est portée à bout de bras par le souffle et la puissance de Dominique Quesnel, encore plus renversante ici que dans son rôle de Lady Macbeth, interprète de prédilection avec raison de Konrad, qui passe en un clin d’œil de la fureur du despote à la vulnérabilité de l’artiste en processus de création, du sarcasme à l’intériorité. On pensait l’avoir vu aborder tous les registres, mais Angela Konrad lui offre à la fin de la représentation un véritable morceau de bravoure, alors qu’elle soliloque les dernières répliques de la pièce. Elle est entourée de Philippe Cousineau (qui avait incarné Macbeth, encore une fois d’une belle polyvalence), Marie-Laurence Moreau (souvent bouleversante en Niki), Stéphanie Cardi (qui explose littéralement quand elle dresse l’arbre généalogique des Plantagenet) et Lise Roy (impeccable en mère qui ne demande qu’à jouer pour sa fille).

Avec quelques accessoires tout au plus (Stéphanie Cardi sert de régisseuse) et une utilisation habile des lieux, Angela Konrad nous en met plein la vue. À travers son filtre puissant, Shakespeare n’a pas fini de se révéler – et de nous rappeler combien l’homme peut se montrer bas et vil.


Deux représentations supplémentaires ont été annoncées. Faites vite! Toutes les autres se donnent à guichet fermé.

mardi 20 janvier 2015

Le journal d'Anne Frank: cinématographique

Le Journal d’Anne Frank est sans aucun doute l’un de ces livres que tous connaissent, mais que peu ont réellement apprivoisé. Que l’on en étudie des extraits à l’école ou choisisse de le lire au début de l’adolescence, il laisse une impression presque évanescente. En s’en inspirant et en intégrant de larges passages de l’ouvrage dans sa proposition dramaturgique, Eric-Emmanuel Schmitt lui offre une densité tout autre.
Volontairement incarnée, celle-ci nous permet de renouer avec les deux visages d’Anne : le boute-en-train en apparence incapable de véritable diplomatie et la jeune femme en devenir qui réfléchit aussi bien à l’Histoire qui s’écrit en parallèle qu’aux liens alambiqués qu’elle entretient avec sa mère et ceux qu’elle souhaiterait développer avec Peter van Pels.
Plutôt que de s’inscrire en simple témoin d’une période trouble du 20e siècle, le journal sert de révélateur. En découvrant par bribes celui-ci, Otto, le père d’Anne, seul du groupe à être revenu des camps de concentration, revit des événements à travers le regard acéré que sa fille portait sur ceux-ci.
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dimanche 18 janvier 2015

Titre de transport

Nous avons tous, à un moment ou un autre, inventé des existences parallèles aux gens que nous croisons dans les transports en commun, tiré des conclusions de leurs tenues vestimentaires, associé une musique entendue à un style de vie, un livre à une école de pensée. Dans son premier recueil, Titre de transport, Alice Michaud-Lapointe joue le jeu jusqu’au bout et nous offre un portrait des plus bigarrés de Montréal, métropole multiculturelle par excellence.

Dans une écriture axée en grande partie sur l’oralité, truffée d’anglicismes et de jurons, elle lie 21 destins à 21 stations, s’attardant plus particulièrement aux oubliés de notre société, par exemple le sans-abri affolant de « Côte-des-Neiges », Gloria qui ne sort jamais de chez elle, mais découvrira quelque chose d’horrible quand elle s’y résoudra ou encore ces jeunes de la rue qui confronteront un couple englué dans la monotonie de son quotidien dans « Berri-UQÀM », assurément la nouvelle la plus puissante du recueil.

Certains textes se déclinent comme de longs monologues, deux privilégient les dialogues, misant sur un certain côté cru – volontiers cruel – et les angles tranchants. (Cela fonctionne mieux dans « Beaudry » que « Longueuil – Université de Sherbrooke ».) Plusieurs sèment délibérément le lecteur en cours de route, nous forçant à aller au-delà des apparences.

La jeune auteure ratisse large. En se transformant en caméléon, elle nous démontre sa polyvalence, mais nous empêche parfois d’extraire une voix entièrement cohérente du recueil. Certains personnages continuent d’habiter l’imaginaire des semaines après, plusieurs redeviennent un parmi tant d’autres. L’acuité de la plume séduit néanmoins suffisamment pour que l’on souhaite découvrir la vraie signature d’Alice Michaud-Lapointe dans un prochain ouvrage.


vendredi 16 janvier 2015

Mademoiselle Molière: théâtre pour tous

Avec Mademoiselle Molière, présentée ces jours-ci à la Salle Fred-Barry, Hubert Fielden signe une fois de plus un opus doublement pédagogique.
En proposant un astucieux collage de moments-clés d’une dizaine de pièces de Molière et en les liant avec des éléments biographiques (notamment certaines recherches quant à la véritable identité d’Armande Béjart, dite Mademoiselle Molière), il permet aux adolescents de « Sa Majesté le public » de découvrir autrement le dramaturge.
Rien de rébarbatif dans la présentation, au contraire. Grâce à une série de scènes qui s’enchaînent adroitement, Armande revient sur certains moments forts de sa relation souvent tumultueuse avec Jean-Baptiste Poquelin, de vingt ans son aîné.
Celles-ci nous font passer derrière le miroir en jetant un regard sur l’auteur au travail (que ce soit lors de séances d’écriture ou en répétition), intégrant des événements de sa vie amoureuse dans ses pièces, et nous rappellent que « classique » n’a pas besoin de rimer avec « statique ».
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Mademoiselle Molière from Ångström Films on Vimeo.

jeudi 15 janvier 2015

La recrue de janvier: Alice Michaud-Lapointe

Pour cette édition, j’avais pensé rédiger un éditorial qui aurait juxtaposé ce que plusieurs appellent le « néo-terroir » (Chez la reine d’Alexandre McCabe en demeure un exemple probant) et la jeune littérature urbaine, qui se sert de thèmes et de situations associés à la métropole, comme Titre de transport d’Alice Michaud-Lapointe, notre Recrue ce mois-ci. Et puis, l’attentat à Charlie Hebdo a rendu tout cela affreusement stérile comme proposition. Cet acte de violence a suscité un véritable raz-de-marée médiatique et sur les réseaux sociaux. Des manifestations de soutien massives « Je suis Charlie » ont fleuri, des minutes de silence ont été respectées, des musiciens ont joué l’Adagio de Barber à Trafalgar Square, des citoyens se sont mobilisés un peu partout. Comment ne pas se laisser émouvoir par ces foules, rassemblées en une même vigie? Et puis, le vent a tourné. On s’est mis à s'insurger, à condamner. Il faudra prendre une certaine distance, faire très attention aux prochains gestes qui seront posés, par nos gouvernements, mais aussi par chacun d'entre nous.  

Titre de transport m’est alors apparu comme un appel à la tolérance, une ode à la diversité de Montréal. Station Villa Maria, de jeunes Québécoises de première génération se disputent les faveurs des garçons. Station Plamondon, on croise un chauffeur de taxi ayant fui le Rwanda. Station Côte-des-Neiges, un parmi des milliers de désinstitutionnalisés crie sa hargne. Station Préfontaine, Gloria gère avec difficulté sa solitude et son obésité. Autant de voix qui cherchent à se faire entendre, d’humains – comme vous et moi – qui ne demandent qu’à être vus, reconnus. Combien de fois avons-nous détourné le regard, par égoïsme, par peur?

Des semaines après avoir lu le recueil, j’ai cru avoir croisé le jeune couple d’itinérants de la station Berri-UQÀM. Ils sont entrés avec une certaine nonchalance à Lionel-Groulx, arborant des bermudas malgré les températures hivernales. Le garçon s’est ouvert une bière, à quelques centimètres à peine d’une femme bien mise qui ne savait plus comment réagir. Il a caressé les cheveux de sa copine, s’est penché vers elle, puis m’a regardée en disant : « Je pense qu’elle aime la musique! » Comme souvent, je portais un foulard sur lequel est dessiné un clavier. J’ai fermé mon livre et lui ai répondu : « On ne peut pas dire que je m’en cache, n’est-ce pas? » Il a alors souri et levé son pouce dans les airs : « Tu joues du piano? Cool… Moi, c’est de la guitare! » Une connexion venait de s’établir. Visiblement épuisé, il a ensuite mis sa tête dans le cou de la jeune fille, puis a retrouvé Morphée. Un de ces instants formidables quand la vie dépasse la fiction…

Troublant synchronisme, notre chronique jeunesse est consacrée à Ici, c’est différent de là-bas de Naïma Oukerfellah, qui traite d’adaptation, tout comme Mot de Julie Hétu, à la fois tendre et violent, Cybèle fuyant la guerre du Liban pour l’Espagne. Nous retrouverons aussi Valérie Carreau, ancienne Recrue, qui signe avec Une mère exceptionnelle un premier roman qui aborde un sujet difficile. On se laissera assurément porter par les personnages du recueil de nouvelles Quelqu’un de Sylvie Gendron, en constante recherche d’eux-mêmes.

Dans ses réponses à notre questionnaire, Alice Michaud-Lapointe évoque son voyage en Indonésie : « On dormait dans des endroits où la nuit nous coûtait environ 2 $, on mangeait des nouilles frites parfois matin, midi et soir, on se lavait avec des seaux d’eau froide remplis de petits moucherons morts, on prenait le train des “locaux” pendant 12 h pour ensuite dormir par terre à l’aéroport de Jakarta. On s’était habitués aux cafards volants, aux pannes d’électricité quotidiennes, aux toilettes qui refluent. Le genre de voyage qui t’apprend à sortir de toi, à te voir sous un jour complètement différent. »

En cette nouvelle année qui s’amorce de façon bien trouble, je ne vous souhaite au fond qu’une chose : du temps pour vous retrouver.



mercredi 14 janvier 2015

L'écrivain véritable

« Mais qu’il invente sa vie ou la retrouve, qu’il imagine le réel ou le décrive, l’écrivain véritable est toujours celui qui, par l’imagination ou le souvenir, le rêve ou l’observation, débouche sur la connaissance du réel, quelqu’un qui raconte sa vie comme si c’était la vie de quelqu’un d’autre et de quelqu’un d’autre comme si c’était la sienne. » 

Yvon Rivard, Aimer, enseigner 

lundi 12 janvier 2015

L'éphémère

Certains livres vous surprennent presque malgré vous. Vous pensez en lire quelques pages tout au plus, mais vous voilà incapable de vous en extraire. L'éphémère, premier roman de Stéphanie Deslauriers, entre assurément dans cette catégorie.
Eva vient d'apprendre qu'elle est enceinte. Troublée par la révélation, elle quitte l'appartement qu'elle partage avec Alexis, non parce qu'elle met en doute la profondeur du lien qui les unit (ils se connaissent depuis toujours), mais bien sa propre capacité à accepter la maternité. Pourra-t-elle oublier les heures sombres de sa vie et s'ouvrir à un possible demain? 

Avec une telle prémisse, il aurait été facile de tomber rapidement dans une psycho-pop à trois sous, dans laquelle la résilience jouerait un rôle essentiel. Ce n'est pas le cas. Elle même psychoéducatrice, l'auteure a su éviter les écueils et construit un récit fragmenté qui devient de plus en plus cohérent au fil des instants-clés révélés, dissimulant adroitement les fils du récit. 
« Judith, la mère de sa plus vieille amie, lui avait déjà dit qu,elle était comme une toile de Soulages. Que dans sa noirceur, il était possible de voir toutes les nuances de la lumière, aussi subtiles soient-elles. Que c'est dans l'obscurité que l'on saisit pleinement la pertinence de la lumière. Sa nécessité. »
Stéphanie Deslauriers a surtout su nous offrir une belle galerie de personnages, qui possèdent tous une densité particulière, que ce soit celui Arnaud, l'ami qui l'hébergera quelques jours, sa copine Ariane, jalouse de la grossesse d'Eva, ou encore Judith, deuxième mère qu'elle s'est choisie pour s'émanciper de son histoire familiale trouble. On pense deviner comment tout cela se terminera, mais la primoromancière tire fort adroitement le tapis sous nos pieds avec une fin ouverte qui rend le personnage d'Eva encore plus attachant. On referme le livre avec l'espoir d'avoir de ses nouvelles, comme lorsque l'on quitte une amie chère.

vendredi 9 janvier 2015

Aller au-delà...

« La peur me gaine, c’est grâce à elle que je me tiens droite. » 
Marie-Christine Arbour, Schizo
La chasse à l'homme est terminée, les assassins ont eux aussi été tués. Une onde de choc secoue les médias sociaux depuis l'attentat de Charlie Hebdo. Avec raison. On incrimine, on s'insurge, on condamne. La blessure est encore trop fraîche, trop douloureuse. Il faudra prendre une certaine distance, faire très attention au prochain geste qui sera posé, par nos gouvernements, mais aussi par chacun d'entre nous. Le durcissement unilatéral des positions n'a jamais été une réponse adéquate à la folie. Prenons le temps de nous interroger.
« Il ne restait que l’amour. Que cet ineffable mystère qu’on appelle Amour – avec un grand A pour dire combien il nous dépasse – et qui ne se trouve nulle part ailleurs qu’en soi. Lorsque tout s’en vas, il reste cet Amour. Ce tronc ne casse pas sous les vents, n’est pas emporté par le temps, plutôt, il reconstitue inlassablement ses branches. » 
Hélène Dorion, Recommencements 

mardi 6 janvier 2015

Lucie est sortie en 2014...

En 2014, j'ai vu 73 spectacles qui n'étaient pas du théâtre... Je comprends mieux comment, en sortant un 150 fois dans une année, je commence à manquer de temps!

Arts visuels et photo

Exposition Adrian Paci (MAC)
Papiers 14
Peter Doig (MBAM)
Lemieux et Pilon (MBAM)
World Press Photo (Marché Bonsecours)
Alex Colville (AGO, Toronto)

Cinéma

Meetings with a Young Poet
La grande belezza
Tom à la ferme
La Vénus à la fourrure
A ras del cielo (documentaire sur le monde du cirque)
Le fantôme de l'opéra (version de 1925, avec improvisation à l'orgue)
Mommy
Into the Woods

Cirque

Intersection (Sept doigts de la main)
Small Tent... Big Shoulders (Midnight Circus)
Acrobates (Le Montfort)
Six pieds sur terre (Lapsus)
Barbu - Foire électro trad (Cirque Alfonse)
Curios (Cirque du soleil)
Reset (Throw2Catch)
The Rendez-vous (Krin Haglund)
Le soir des monstres (Monstre(s))
Le concierge (Anthony Venisse)
Méandre (TOHU)
Cuisine et confessions (Sept doigts de la main, TOHU)
Opus (Circa, TOHU)
Attrape-moi! (Flip FabriQue, TOHU)

Danse

O litBouge de là (jeune public)
FARWayne McGregor Random Dance (Danse danse)
Get a Revolver, Helena Waldmann (Danse danse)
Fault Lines, Leshan Song and Dance Troup (Spectaculairement Chine)
Emmac terre marine (Danse-Cité)
Pavement, Abraham.In.Motion (Danse danse)
Norman (5e Salle)
Songs of the Wanderers, Cloud Gate Dance Theatre of Taiwan (Danse danse)
Tragédie, Olivier Dubois (Danse danse)
Be somebody else, Isabel Mohn (Danse-Cité)
Sad Sam Lucky (FTA)
D'après une histoire vraie (FTA)
Antigone Sr (FTA)
Soif, O Vertigo (Danse danse)
Tentacle Tribe et Wants & Needs Dance (Danse danse)
Akram Khan Company, itMOi (Danse danse)
Pina Bausch, Vollmond (Danse danse)
L'éveil (Coup de théâtre)

Marionnettes

Hôtel de Rive (Trois jours des Casteliers)

Musique classique

Winterreise de Schubert (Salle Bourgie)
Marathon Bach (Salle Bourgie)
Récital Marc-André Hamelin (Chapelle historique du Bon-Pasteur)
Récital de Yo-Yo Ma (Maison symphonique de Montréal)
LA Phil sous Gustavo Dudamel (Maison symphonique de Montréal)
Hansel et Gretel (Opéra de Montréal)
Récital de David Fray (Salle Bourgie)
Folk de Collectif 9 (Rialto)
Turandot (Opéra de Montréal)
Prix d'improvisation Richard Lupien
Gabriela Montero (Salle Pollack)
David Jalbert et Appassionata (Salle Bourgie)
Concours Musical International de Montréal (piano) ici et 
Récital Till Fellner (Centre d'arts Orford)
Nabucco (Opéra de Montréal)
Benjamin Grosvenor et l'OSM (Maison symphonique de Montréal)
Le barbier de Séville (Opéra de Montréal)

Musique contemporaine

Au rythme des papillons, production jeunesse du Moulin à musique
Marleau fête Gougeon (SMCQ)
Diego Espinoza (Innovations en concert)
Six thèmes solaires (SMCQ)
Le Rêve de Grégoire (Chants libres)
Notre Damn (La Chapelle)
Composition Machine (Centre Segal)
Écoute le silence - Un voyage avec John Cage (Coups de théâtre)

Comédie musicale

An American in Paris (Théâtre du Châtelet, Paris)

lundi 5 janvier 2015

Mon année théâtre 2014

J'aurai vu 73 pièces en 2014, un petit moins qu'en 2013, mais j'aurai vu plus de spectacles de danse et de cirque (nouvelle spécialité, suite à une formation pour journalistes en juillet dernier). Oserai-je un Top 5?

1- Talk Radio, une proposition du FTA qui m'a bouleversée et continue de m'habiter tous ces mois après
2- Le NoShow, un concept décapitant, une réalisation brillante
3- Himmelweg, présenté dans le vieux cinéma Le Château, un déambulatoire particulièrement réussi, un texte coup de poing adroitement mis en scène
4- Pig, un texte d'une réelle maturité du très prolifique Simon Boulerice
5- Le dragon d'or, pour la folie du texte, une distribution qui nous en a fait voir de toutes les couleurs et le concept

Et dans la catégorie boni: la reprise de Caligula Remix.

Vous pouvez revivre mon année mois par mois et cliquez sur les liens pour critiques.


Janvier

Et les amoureux auront des cataractes (Théâtre dans un loft / Production Tati)
La ménagerie de verre (Salle intime du Prospero)
Le souffleur de verre (Espace libre)
Icare (TNM)
Marie Tudor (Théâtre Denise-Pelletier)
Laissés pour conte (Ateliers Jean-Brillant)
Novecento pianiste (Salle Fred-Barry)
Mr. P (Gesù)

Février

Pig (Salle intime du Prospero)
The Seagull (Centre Segal)
Amours fatales (Espace libre)
The Meeting (Centre Segal)
Encré (Aux Écuries)
Caligula Remix (Usine C)

Mars

L'architecture de la paix (Espace Go)
Emmac terre marine (Théâtre rouge du Conservatoire)
Hôtel de Rive (Trois jours des Casteliers)
Tu iras la chercher (Espace Go)
Album de finissants (Salle Fred-Barry)
Avale (Écuries)
Albertine en cinq temps (TNM)
Le voyage d'hiver (Prospero)
Glengarry Glen Ross (Théâtre Segal)
Testament (Quat' Sous)
Le dernier jour d'un condamné (Salle Fred-Barry)

Avril

Eden Motel (Espace libre)
Blind (MAI)
Le dragon d'or (Prospero)
Scratch (La petite Licorne)
T'en souviens-tu Pauline (Studio de l'Espace libre)
Besbouss: Autopsie d'un révolté (Quat' Sous)
Mies Julie (5e salle)

Mai

Top Girls (Théâtre Segal)
Dans les forêts de Sibérie (Pigeon International)
Fendre les lacs (Festival du Jamais lu)
Le nombril du monde (Jamais lu)
Two pianos four hands (Centaur)
La fête sauvage (Jamais lu)
Vrais mondes (5e Salle)
Todo el cielo (FTA)
Hate Radio (FTA)
Les particules élémentaires (FTA)

Juin

The Pixelated Revolution (FTA)
33 tours et quelques secondes (FTA)
Euphorie (Fringe)

Août

Small Talk (Dramaturgies en dialogue)
Et les moustiques sont des fruits à pépin (Dramaturgies en dialogue)
Bibish de Kinshasa (Dramaturgies en dialogue)
Les paratonnerres (Dramaturgies en dialogue)
Bienvenue au Congo!  et M'appelle Mohamed Ali (Dramaturgies en dialogue)
Revif pour ma sœur Ginette (Dramaturgies en dialogue)

Septembre

Le NoShow (Espace libre)
The Graduate (Centre Segal)
La solitude d'un acteur de peep show avant d'entre en scène (Prospero)
City (Prospero)
Himmelweg - Le chemin du ciel (Le Château)
Nombreux seront nos ennemis (La Chapelle)
Quintette pour cordes sensibles (Centre Segal)
Being at home with Claude (TNM)

Octobre

Andromaque 10-43 (Théâtre Denise-Pelletier)
Délire à deux (L'Esco)
Koalas (Théâtre d'aujourd'hui)
Les paroles (Prospero)
Rue Fable (Espace libre)
Le cœur animal (La Chapelle)
Chaîne de montage (Théâtre de Quat' Sous)

Novembre

Oh Lord (La petite Licorne)
Je ne suis jamais en retard (Théâtre d'Aujourd'hui)
Hamlet by The Tiger Lilies (5e Salle)
Bianco su bianco (5e Salle)
Avant la retraite (Prospero)
La fille qui fixait (Coups de théâtre)
Impatience (Coups de théâtre)

Décembre

La petite fille aux allumettes (Studio-Théâtre Comédie-Française, Paris)