lundi 15 juillet 2013

Recrue estivale

« Oui, la musique est antéprédicative. Oui, elle existe avant le langage et ne veut rien dire. Mais n’étant porteuse d’aucun sens, elle les possède tous », expliquait le philosophe Michel Serres dans une entrevue pour Télérama en juillet 2011, alors qu’il lançait son essai simplement intitulé Musique. N’est-il pas futile de vouloir décrire la musique en mots? Ne résume-t-elle pas toutes les langues? Peut-on l’inscrire au cœur d’un roman? Mathieu Boutin, notre Recrue ce mois-ci, le croit. Cela donne un livre tout en légèreté, des personnages attachants, une initiation en douceur pour ceux qui ont peur de ne pas s’y retrouver et nombre de clins d’œil savoureux pour ceux qui connaissent déjà cet univers. Jamais on n’a l’impression d’être témoin d’un exercice de style. Cela ne relève pas du hasard, puisque l’auteur dit lui-même dans le questionnaire : « Si on parle de structure, je suis tout là. C’est comme de l’architecture. La plus efficace n’est pas toujours visible. La structure c’est une façon sournoise mais bienveillante de manipuler le lecteur. C’est presque un autre personnage qui souffle des choses à l’oreille du lecteur. En fait, c’est même plus ninja que ça. Une structure bien menée peut être un roman en soi, un roman en filigrane de l’histoire, en contrepoint. Une autre lecture. » L’auteur se livrera aussi, en toute simplicité, mardi prochain, le 23 juillet, sur les ondes de CKCU.

Dans un autre registre, nous vous proposons aussi ce mois-ci une lecture en duo des Pavés dans la mare de Nicolas Delisle-L’Heureux. Venise Landry a tout de suite été happée par cette histoire à tiroirs, la multiplicité des liens que le protagoniste entretient avec son entourage, cet engagement qui s’inscrit au cœur du titre. Marie-Jeanne Leduc a préféré l’analyse de la crise de confiance du jeune homme envers la société capitaliste dans laquelle nous vivons et le regard que l’auteur porte sur les révolutions passées.

Les amateurs de sagas historiques ne seront pas en reste avec Écris-moi, Marie-Jeanne, qui opte pour une double narration, linéaire et épistolaire. En écho, Brigitte Pilote s’inspire dans son deuxième roman, Motel Lorraine,  de l’assassinat de Martin Luther King pour offrir un texte choral, galerie de personnages autant que peinture d’époque. La poésie minimaliste de Bruno Lemieux se révèlera sans doute une panacée idéale pour qui souhaite s’arrêter à l’infime mouvement des choses et des êtres. Je me pose en théorème/ métronome dans le miroir/le bras à la rencontre du bras / s’éloigne de la mesure/ ma chair en images. La musique est décidément partout…

Pour découvrir le nouveau courant de La Recrue...



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