lundi 23 septembre 2013

La preuve ontologique de mon existence: verdict suspendu

« Coups de poing, coups de pieds, harcèlement amoureux, poignées de cheveux arrachées à ma tête – ce sont des preuves que les autres existent. Vous les verrez, vous les sentirez.» Dès les premiers instants de La preuve ontologique de mon existence, on comprend que l’on plongera dans un camaïeu de noirs, palette que Joyce Carol Oates a de tout temps privilégiée.

Adolescente en fuite, Shelley vit maintenant enfermée dans un lieu sordide, sous la coupe de Peter V., qui vend ses services à des hommes d’une affligeante banalité, mais en manque de violence. Elle a cherché à disparaître, à oublier sa famille. Elle a fini par s’annihiler en faisant disparaître les kilos, en consommant des psychotropes.  Dépossédée d’elle-même, elle ne se définit plus qu’en tant que possession, celle de Peter, qu’elle croit aimer, celle de Martin son nouveau «mari» qui ne peut, lui, se définir qu’en la frappant.

Le spectateur a d’abord l’impression que la pièce s’articule autour du personnage de Shelley (campé lors de la première off Broadway en 1972 par Eileen Dietz, qui atteindra un statut culte l’année suivante pour son rôle dans L’exorciste). Il faut plutôt percevoir le fil narratif à travers les yeux de Peter, né une seconde fois à l’âge de 25 ans, après s’être identifié à Piotr Stépanovitch Verkhovensky, l’un des principaux protagonistes des Possédés de Dostoïevski (titre qu’il faudrait plutôt traduire par Les Démons). Méphisto des temps modernes, interprété avec ce qu’il faut de suavité troublante par Frédéric Lavallée, Peter inscrit dans son petit calepin le nom de toutes ces âmes perdues, autant de jeunes filles ayant voulu fuir, se fuir.

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