samedi 21 février 2015

La république du bonheur: tranchant

Matérialisme poussé à l'excès, contrôle de l'état et sur soi, regard distordu que l'on pose sur le corps, liens familiaux envenimés jusqu'à la gangrène: La république du bonheur de Martin Crimp est un texte qui ratisse large et dresse un portrait de société non dénué de lieux communs, mais qui frappe quand même là où ça s'est fait mal. 

Le metteur en scène Christian Lapointe, qui avait effectué un magnifique travail sur le doublé Duras a choisi cette fois de traiter la pièce de façon complètement éclatée, ce qui donne quelque chose entre l'operetta postmoderne kitsch à souhait sise dans un décor sur l'acide, le théâtre de marionnettes pour enfants pas sages du tout et la séance de défoulement collectif. 

On aimera ou on détestera; impossible ici d'adopter un entre-deux ici, tant la proposition baroque dérange, déstabilise, et parfois il faut l'admettre ennuie. Avait-on besoin d'entendre tous les couplets du Papa Noël de ce cher Tino pour entrer dans l'univers déjanté de la pièce? De tenter (assez désespérément) de faire participer les spectateurs? De pousser l'utilisation de la technologie à son paroxysme? Peut-être a-t-on jugé nécessaire d'enfoncer le bouchon au maximum pour susciter une réaction, un mouvement collectif, un soulèvement subversif? Je doute que ceux présents aient posé un quelconque geste social en sortant de la Cinquième Salle.

La distribution des plus électique réussit néanmoins à titre son épingle du jeu, malgré le côté éclaté, vaguement carnavalesque, de la chose. On retiendra particulièrement le couple Madeleine et Robert, défendu avec brio par Ève Landry (magnétique) et David Giguère.

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