lundi 12 janvier 2015

L'éphémère

Certains livres vous surprennent presque malgré vous. Vous pensez en lire quelques pages tout au plus, mais vous voilà incapable de vous en extraire. L'éphémère, premier roman de Stéphanie Deslauriers, entre assurément dans cette catégorie.
Eva vient d'apprendre qu'elle est enceinte. Troublée par la révélation, elle quitte l'appartement qu'elle partage avec Alexis, non parce qu'elle met en doute la profondeur du lien qui les unit (ils se connaissent depuis toujours), mais bien sa propre capacité à accepter la maternité. Pourra-t-elle oublier les heures sombres de sa vie et s'ouvrir à un possible demain? 

Avec une telle prémisse, il aurait été facile de tomber rapidement dans une psycho-pop à trois sous, dans laquelle la résilience jouerait un rôle essentiel. Ce n'est pas le cas. Elle même psychoéducatrice, l'auteure a su éviter les écueils et construit un récit fragmenté qui devient de plus en plus cohérent au fil des instants-clés révélés, dissimulant adroitement les fils du récit. 
« Judith, la mère de sa plus vieille amie, lui avait déjà dit qu,elle était comme une toile de Soulages. Que dans sa noirceur, il était possible de voir toutes les nuances de la lumière, aussi subtiles soient-elles. Que c'est dans l'obscurité que l'on saisit pleinement la pertinence de la lumière. Sa nécessité. »
Stéphanie Deslauriers a surtout su nous offrir une belle galerie de personnages, qui possèdent tous une densité particulière, que ce soit celui Arnaud, l'ami qui l'hébergera quelques jours, sa copine Ariane, jalouse de la grossesse d'Eva, ou encore Judith, deuxième mère qu'elle s'est choisie pour s'émanciper de son histoire familiale trouble. On pense deviner comment tout cela se terminera, mais la primoromancière tire fort adroitement le tapis sous nos pieds avec une fin ouverte qui rend le personnage d'Eva encore plus attachant. On referme le livre avec l'espoir d'avoir de ses nouvelles, comme lorsque l'on quitte une amie chère.

5 commentaires:

Marion a dit…

Mince ! :-)

Je l'avais pris lors de notre rencontre automnale, puis je l'ai reposé pensant en effet qu'il s'agirait de « psycho-pop à trois sous » !!! Ça m'apprendra à avoir des préjugés ! ;-)

Belle soirée.

Lucie a dit…

Il n'est pas trop tard pour te reprendre. :)

Marion a dit…

Je viens de le recevoir, MERCI ! :)

Venise a dit…

Je suis venue sniffer pour voir qu'est-ce que tu en pensais. Je l'ai terminé, il est en attente de mon recensement.

Je n'en reviendrai bien jamais jusqu'à quel point un livre ne se respire par de la même manière d'un pif à l'autre.

Lucie a dit…

Je pense que c'est aussi une question du moment où on lit un livre. Il y en a deux qui m'ont échappé comme ça la semaine dernière...