jeudi 27 août 2015

10e édition du World Press Photo à Montréal

Dans un monde où nous sommes envahis d'images, relayées par diverses plateformes numériques de surcroît, le World Press Photo a-t-il encore sa place d'être? Sans aucun doute, car il faut bien admettre qu'il y a une énorme différence entre contempler en vitesse un cliché (ou dans certains cas détourner le regard, car certaines photos prises en zones de conflits sont insupportables) et prendre le temps d'examiner sa composition, lire ce que le photographe a cherché à capter et prendre vraiment le temps de la regarder.

Une grande humanité se détache d'ailleurs de plusieurs des photos lauréates cette année. On peut penser ici à ce bateau de migrants, photo prise quelques instants avant que ceux-ci ne soient rescapés, prises par Massimo Sestini (2e prix, catégorie Nouvelles générales)
Massimo Sestehni

ou encore à la photo gagnante du grand prix, toute en douceur, du Danois Mads Niessen qui nous montre avec délicatesse un couple homosexuel russe partageant un moment d’intimité. Aucun besoin ici de monter aux barricades; le message atteint le spectateur en plein cœur.
Mads Niessen
Fait d'armes inusité, le travail sensible du photographe français Jérôme Sessini (qui travaille pour la prestigieuse agence Magnum) s'est mérité les 1er et 2e prix dans la catégorie Actualités- Reportages. Cette photo d'une victime de la catastrophe aérienne du vol MH173 encore sanglée dans son siège (sans que l'on ne voit son visage) continuera d'habiter les imaginaires. Le photographe était d'ailleurs présent hier pour évoquer un peu son métier. Impossible de ne pas être troublé par la profonde tristesse de son regard témoin de tant de malheur et de cruauté.
Jérôme Sessini

Si certains clichés sont crus, d'autres se révèlent d'une insidieuse efficacité, comme ces traces laissées par des écolières enlevées au Nigeria de Glenn Gordon, cette photo prise par Ronghing Chen dans une usine de décorations de Noël, celle de cette mère éplorée de Fatimeh Behboudl qui, des années après la disparition de son fils, a enfin accès à une pièce de vêtements ou cette jeune femme accusée d'être une travailleuse de rue de Liu Sond,
Liu Sond


À l'étage, on ne voudra pas manquer l'exposition parallèle de Will Steacy, Deadline, un puissant reportage sur l'érosion de la presse écrite, à travers une série de photos prises dans les bureaux du Philadelphia Enquirer,

Jusqu'au 27 septembre à la Salle de la Commune du Marché Bonsecours.
L'exposition s'arrêtera aussi dans d'autres villes dont Paris et Toronto. Voir les dates ici...

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