mercredi 27 janvier 2016

Around the World in 50 Concerts

Certains anniversaires méritent d’être soulignés avec faste et l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam a sorti le grand jeu pour son 125e anniversaire, notamment en donnant 50 concerts au cours de cette saison. Si des milliers de spectateurs ont pu assister à l’un ou l’autre de ces concerts sur six continents, les cinéphiles pourront eux aussi en profiter grâce au documentaire Around the World in 50 Concerts d’Heddy Honigmann, présenté demain le 28 janvier au Cinéma du Parc.

Oui, bien sûr, le film fait une large part à la musique classique, mais s’attarde aussi au quotidien du musicien d’orchestre. On en apprend par exemple un peu plus sur les dessous des tournées (distribution des passeports à l’aéroport, violons que l’on dispose après le concert dans des housses rappelant les emballages matelassés de surgelés, parents téléphonant à leurs enfants, travail préparatoire du chef Mariss Jansons, etc.), mais ce qui séduira sans doute encore plus est le côté profondément humain de l’aventure. 

Comment oublier le séjour de l’orchestre à Soweto (et le plaisir indéniable ressenti par les enfants qui découvrent Pierre et le loup), ces deux musiciens qui remercient une chocolatière en lui offrant un concert privé qui ne la laisse pas indifférente, l’enthousiasme contagieux du contrebassiste évoquant les subtilités de sa ligne mélodique, mais aussi les dessous de la Dixième symphonie de Chostakovitch, sa préférée, l’unique coup de cymbale que le percussionniste doit donner dans une autre de Bruckner.

L’œil est tout aussi stimulé que l’oreille (paysages inspirants, salles de concert magnifiques). Un constat s’impose cruellement : peu importe le continent visité, le public est constitué essentiellement d’hommes et de femmes d’un âge plus que certain, habillé de façon cossue, en très grande majorité blanc (sauf en Afrique du Sud peut-être, et encore). L’enthousiasme des musiciens (plutôt dans la quarantaine) est pourtant ici contagieux.

Ce documentaire est le premier d’une série de rendez-vous mensuels des RIDM.


vendredi 15 janvier 2016

Un opéra-surf qui décoiffe

Un opéra surf. Que voilà une proposition intrigante! Il ne faut pas se surprendre outre-mesure de la proposition, celle-ci étant la dernière création du Théâtre du Futur, à qui on doit notamment Clothaire Rapaille, l’opéra-rock, L’assassinat du président (une espèce de radioroman politique) et Épopée nord, relecture décapante des soirées traditionnelles.

On assiste au quotidien de surfeurs à la recherche de la vague parfaite (rien de tel qu’on tsunami ici). On y retrouve deux bandes : l’une débordant de « coolitude », l’autre de « wannabees ».

Qui dit opéra dit codes du genre et Olivier Morin et Guillaume Tremblay multiplient les clins d’œil: textes en allemand, italien, français et anglais, solos dramatiques, numéro d’ensemble final qui permet le « happy end », quand on ne fait pas directement référence aux œuvres classiques, le tout adroitement accompagnée par la musique de Philippe Prud’homme, interprétée en direct avec fougue par ce dernier. On trouve aussi des références à Mozart, de Puccini (avec un personnage qui évoque Madame Butterfly) et Wagner, le tout toujours réalisé avec un doigté indéniable.

Le livret mise sur un humour facile, volontiers absurde, souvent grossier, mais fait mouche. (On imagine mal des surfeurs échanger sur le sens de la vie.)

Le tout est porté par une équipe de jeunes chanteurs lytiques qui tirent avec conviction leur épingle du jeu, tant au niveau vocal que théâtral.

Une façon décapante d’introduire le concept même de l’opéra à la jeune génération. Tous ceux présents hier semblaient ravis de leur soirée. Obtiendra-t-on un tel succès avec Otello à l’Opéra de Montréal? La réponse relève de l’évidence…